French Tattoo Museum

Depuis 2 mois, il existe sur Instagram un compte créé par Mikael de Poissy et qui a pour mission de faire connaitre une partie de notre histoire et de la valoriser, il s’agit du FRENCH TATTOO MUSEUM. Mikael de Poissy collecte et classe depuis de nombreuses années, documents et matériels en tout genre. Sa collection commence au 18e siècle pour arriver jusque dans les années 80. Nous avons voulu en savoir plus sur ses motivations en lui demandant par texte de nous expliquer le but d’un tel projet.

Histoire du Tatouage Français

L’Histoire du Tatouage Français ? ! Mais qui connait son Histoire ? Je veux dire son histoire longue, à travers les âges et les siècles ? Qui s’est réellement et doctement penché sur ce vaste sujet qui relève de multiples sciences sociales, à la fois de l’anthropologie, de l’ethnologie, des œuvres de l’art humain, de l’art premier, de la criminologie et enfin de la mode ? Un art, pictural et primitif venu du plus profond des âges, bien avant que l’homme ne sache écrire.

Symbolisme de la production humaine la plus pure, la plus simple et pourtant la plus codifiée suivant le siècle de son élaboration.

Des tatouages retrouvés sur les premières divinités de pierre, à ceux semble-t-il plus thérapeutiques qui ornent le corps momifié d’Ötzi vieux de 5300 ans et qui n’en comptait pas moins de 61, donnant ainsi raison au vieille adage « les momies sont les seuls morts qui continuent de parler ». A la numismatique Gauloise et son célèbre Hémistatère au loup et «guerrier à la joue tatouée » frappée un siècle avant notre ère par les Aulerques Eburovices, nos ancêtres de la tribu d’Evreux, et que j’ai eu la chance de sortir de terre par deux fois. Avec quels tatoueurs Français pourrais-je un jour échanger sur tous ces sujets ?

Génération 70/80

La génération des tatoueurs des années 70/80 sont les témoins directs et les pionniers récents de ce que fût la création du tatouage « moderne » sous la forme que nous connaissons aujourd’hui dans le pays, et dont les jeunes générations ne sont que des avatars, bien que ces 2 derniers se contemplent, soit en leur fin soit en leur souche, et qu’ils aient bien du mal à se comprendre. Mais mis à part leur époque, ils ne s’intéressent que peu à l’histoire qui les a précédés. Les tatoueurs des années 60 ? Nous n’en avons qu’un, en la personne de Bruno Cuzzicoli, ou Bruno de Pigalle, qui fut le premier Tatoueur obtenant une patente, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un matricule à la chambre de commerce.

Bruno

Mais d’autres tatoueurs exerçaient en France, bien avant Bruno. Une école du tatouage fut même tentée à Paris en 1939 (eh oui, déjà). Mais Bruno n’a jamais répondu à mes sollicitations. — EDIT — Depuis la publication de l’article, Mikaël de Poissy a eu un contact avec Bruno. — J’aurais pourtant aimé lui parler de la fois où il tatoua Michel Simon, qui fut nommé pour l’occasion Président du « Tattooing Club » que Bruno venait de fonder, lui parler de son musée, de ses nombreuses rencontres au long de sa vie, de Monsieur Jean David et de sa thèse, de son beau-frère le célèbre Peter d’Amsterdam à qui il doit d’avoir pu être tatoueur un jour. De voir ses photos, ses premières planches, ses premières machines, bref des choses qui pour le conservateur que je suis sont des trésors. Aux dernières nouvelles, et qui me viennent de son neveu, Bruno écrirait un livre.

Il n’y avait donc pas grand monde avec qui je puisse échanger sur ces sujets. Quelques collectionneurs discrets et passionnés comme Jérôme Pierrat que l’on connait ici pour être depuis toujours le rédacteur en chef de Tatouage Magazine, Eric Guillon qui nous a gratifié des dizaines de reportages « culture » sur le sujet, et des collectionneurs privés pour certains très riches et qui ne regardent pas à la dépense quand il s’agit d’acheter de la peau humaine tatouée sur le marché parallèle, mais qui du coup nous font perdre beaucoup de documentations car il ne partagent rien.

Tatouage Magazine 124

Et à ma connaissance très peu de tatoueurs collectionnent – Sharks à St Etienne, Claude à Lille, Neusky… Je ne parlerais pas des tatoueuses et tatoueurs, à l’ignorance abyssale, et qui pour certains, après 2 ou 3 ans de triste pratique, ont déjà l’outrecuidance de prendre des apprentis, et même pour les plus mégalomanes et attirés par l’appât du gain, de donner des cours payants ! On est loin de l’idée de partage et d’échange que je souhaite trouver.

French Tattoo Museum

Le – French Tattoo Museum – n’est « pour le moment » qu’un musée virtuel. Il s’adressera aux passionnés, aux nombreux étudiants désireux d’enrichir leur thèse de photos inédites, aux collectionneurs qui cherchent à correspondre, à échanger ou à vendre, aux historiens qui replacent les choses dans leur contexte historique mieux que je ne saurais le faire. Chose importante, toutes les photos et archives qui y sont postés proviennent de ma collection et de mon fond qui compte un bon millier de documents.

Depuis sa création, il y a 2 mois sur les réseaux sociaux, j’ai déjà eu beaucoup d’échanges épistolaires avec des confrères étrangers qui tiennent eux aussi des musées aux quatre coins du globe et qui désirent les partager au plus grand nombre, mais aussi des écrivains, des journalistes, des doctorants.

Avis aux passionnés, collectionneurs, etc.

Je lance donc un appel aux collectionneurs prêts à faire des échanges, aux tatoueurs qui ont gardé de vieilles machines ou autres, bref toutes les personnes qui détiendraient un bout d’histoire à me contacter via Instagram ou par mail sur museum@tattoo.fr. Plus d’excuses. Il vous est désormais possible d’en savoir plus sur le sujet, pour peu qu’il vous intéresse.

Mikaël de Poissy